Le Panthéon de Rome

Gabriel Geoffroy/ avril 30, 2023/ Rome 2023

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Présentation du monument

Le Panthéon est un monument religieux datant de l’Antiquité romaine. Il est situé sur la Piazza della Rotonda, en plein coeur de Rome. Il a été construit au Ier siècle avant J-C. Cet édifice était autrefois, un temple dédié à toutes les divinités antiques. Il a ensuite été converti en église au VIIème siècle après J-C et est aujourd’hui la Basilique de la Sainte-Vierge et de tous les Martyrs. C’est le plus grand monument de la Rome Antique en étant pratiquement intact puisque il a toujours été utilisé depuis sa construction.

Le nom du Panthéon est issu du grec « panthéion », qui signifie « de tous les dieux ». La plupart des auteurs latins le nomment sous la forme grécisante « Pantheon ».

Le Panthéon supporte la plus grande coupole de l’Antiquité avec 150 pieds romains, soit 43.30m de diamètre, ce qui en fait la plus grande coupole du monde construite en béton non armé.

Construction du monument
La construction du monument fut menée en deux temps.
Le Panthéon d’Agrippa:
Le Panthéon original fut construit en 27 av. J.-C., au début du règne d’Auguste, par Agrippa,
compagnon d’Auguste, qui participait ainsi à la politique d’embellissement de la Ville, encouragée par l’empereur.
Il édifia le Panthéon et les thermes d’Agrippa en marge de la partie urbanisée de Rome, près du Champ de Mars, région propice aux grands aménagements urbains. La date de cette construction correspond au troisième mandat de consul d’Agrippa, dont le nom est gravé sur le portique d’entrée. Sur cette inscription, on peut lire : «M.AGRIPPA L.F.COS.TERTIVM FECIT» ce qui signifie « Marcus Agrippa, fils de Lucius, consul pour la troisième fois, le fit construire »).
Ce troisième consulat date de 27 av. J.-C.. Toutefois, une date légèrement différente est parfois
avancée, 25 av. J.-C., à laquelle Dion Cassius dresse la liste des ouvrages achevés par Agrippa sur le Champ de Mars. D’après des fouilles menées à la fin du XIXe siècle, le premier temple était rectangulaire, avec un pronaos (partie antérieure du temple) ouvert vers le sud, et une cella (partie intérieure et fermée du temple) transversale plus large (environ 40 mètres) que longue. Il était construit en blocs de travertin et revêtu de plaques de marbre. Selon l’usage, il était entouré d’un espace libre, aujourd’hui en partie occupé par le temple d’Hadrien, et bordé au sud par la basilique de Neptune.
Le grand incendie de Rome de l’année 80 détruisit plusieurs temples, dont le temple d’Agrippa.
L’empereur Domitien les restaura, et selon Suétone, y fit graver son nom.

Plan d’ensemble
La reconstruction du Panthéon conserva l’axe nord-sud de l’édifice, mais inversa l’orientation de
l’entrée et la dirigea vers le nord. Le pronaos et le bâtiment de transition avec la rotonde occupèrent
l’emplacement de l’ancien édifice, et la rotonde remplit l’espace entre l’ancienne entrée et la
basilique de Neptune. Le nouveau temple fut entouré d’un portique sur trois côtés d’environ 60m
sur 120m, et précédé d’une cour pavée de travertin.

Le pronaos
Le pronaos, qui mesure 33,1m de large pour 15,6m de profondeur, était surélevé par un podium de
1,3m et accessible par un escalier de cinq marches. Au fil des siècles, le sol environnant s’est
exhaussé, et la place qui entoure le Panthéon atteint maintenant le niveau du podium.
Le portique de façade comporte 16 colonnes corinthiennes monolithes de granite, à chapiteaux de
marbre, disposées sur trois rangs: huit colonnes en façade suivies de deux rangs de quatre colonnes.
Les colonnes extérieures sont en granite gris clair, les quatre colonnes intérieures sont en granite
rose plus sombre. Toutes proviennent des carrières d’Égypte. Les fûts de 12,5m de hauteur pour un
diamètre à la base de 1,5m pèsent environ 69 tonnes. Innovation architecturale à noter, le fût des
colonnes n’est pas cannelé, mais lisse. Deux colonnes ont été retirées au Moyen-Age, à gauche et
remplacées par des colonnes des thermes de Néron au XVIIe siècle.
La colonnade ainsi disposée délimite trois nefs, la nef centrale conduit à la grande porte du temple,
les deux nefs latérales donnent sur deux niches en demi-cercle qui devaient abriter des statues,
probablement celles d’Auguste et d’Agrippa. La couverture du pronaos était en poutres et tuiles de
bronze, aujourd’hui remplacées par des tuiles classiques, le pape Urbain VIII ayant fait fondre le
bronze pour la construction du baldaquin de la basilique Saint-Pierre.
Le temple possède deux frontons surhaussés, le principal sur le portique, l’autre contre le mur
massif qui fait la transition entre le pronaos et la rotonde. L’architrave porte deux inscriptions, celle
de la fondation par Agrippa, et une seconde plus petite, mentionnant une restauration sous Septime
Sévère. Le fronton, actuellement nu, était orné de décors en bronze fixés par des crampons.
D’après la position des trous de fixation et notre connaissance du répertoire décoratif impérial, on
suppose la présence d’un aigle de bronze aux ailes déployées.

La rotonde
Le mur circulaire, vue intérieure. Au niveau inférieur, alternance des niches à colonnes et des
petits édicules. Au niveau supérieur, décor du XVIIIe siècle en fausses fenêtres. La rotonde est un mur parfaitement circulaire de 58m de diamètre extérieur qui forme une double paroi de près de 7m d’épaisseur. Elle repose sur une fondation puissante, large de 7,30m et profonde de 4,5m.
Sa partie intérieure, d’un rayon de 21,7m égal à sa hauteur intérieur, assure un double rôle: elle
forme le décor de la cella, et elle soutient le poids de la coupole.
Ce mur intérieur est subdivisé en deux niveaux horizontaux:
Restitution du décor d’origine du niveau supérieur : fenêtres à claustras, faux pilastres de
porphyre.
Le niveau inférieur est évidé par sept exèdres, alternativement semi-circulaires et trapézoïdales
(voir plan). L’entrée constitue la huitième exèdre. Chaque exèdre est bordée par deux colonnes
corinthiennes cannelées et deux pilastres de marbre jaune. L’exèdre qui fait face à l’entrée adopte
une structure différente : les colonnes y sont remplacées par un arc de décharge qui mord sur le
niveau supérieur et qui renvoie les forces verticales sur deux pilastres latéraux. La décoration du
niveau inférieur est complétée par une série de petits édicules en légère saillie au fronton
alternativement triangulaire ou curviligne. Chaque édicule placé entre deux exèdres en allège le
caractère massif créé par les colonnes de soutien. Ces édicules abritaient des statues sur piédestal.
Le dallage, un jour de pluie : reflets de la coupole dans les parties sombres, quatre petites
évacuations de drainage au milieu du carré central.
Le niveau supérieur, délimité par deux corniches circulaires, est un décor de transition, alternant de
fausses fenêtres carrées, des plaques de marbre de couleur et des rectangles de porphyre. Cette
décoration réalisée en 1747 par Luigi Vantivelli remplace la décoration romaine d’origine.
Dans l’Antiquité, de vraies fenêtres grillagées laissaient passer une lumière diffuse, indirectement
captée de l’extérieur par les petites ouvertures du mur extérieur. Ces ouvertures engendraient une
lueur quasi crépusculaire à la base de la coupole, renforçant l’effet de voûte céleste. Elles ont été
partiellement reconstituées en 1930, sur une petite portion à droite de l’abside.

La Coupole

Intérieurement, la voûte s’inscrit dans une sphère parfaite de 150 pieds romains, soit 43,30m de
diamètre, d’une hauteur égale de 43,30m. Cette sphère théorique est donc tangente à la surface du
sol. Elle est nervurée par 140 caissons en stuc, disposés sur cinq rangées (anneaux concentriques de
béton de pouzzolane et de calcaire) de taille décroissante qui laissent libre la calotte du sommet.
Cette calotte est percée d’un oculus central de 8,7m de diamètre. La technique des caissons permet
d’alléger la coupole, de même que le matériau. Les anneaux inférieurs plus épais sont en effet en
béton mélangé à des briques et blocs de tuf lourd, tandis que les anneaux supérieurs sont de béton
mélangé aux tuf léger et pierres volcaniques poreuses.
Une observation attentive des caissons montre que les rectangles qui les modèlent sont légèrement
décentrés vers le haut. En effet, ces moulures ne sont pas centrées sur le milieu de la sphère inscrite
dans la coupole, mais sur la base de cette sphère, qui correspond au centre du sol de la rotonde.
Cette subtile correction crée un effet de perspective rayonnante pour l’observateur qui se tient au
centre du temple.
Les trous présents dans les caissons et dans la calotte laissent supposer la fixation d’éléments
décoratifs en bronze. Certains dessins modernes de reconstitution proposent des étoiles de bronze,
en symbolisme de la voûte céleste.
L’oculus sommital, renforcé par un cerclage de bronze, est l’unique source de lumière directe, car
l’entrée de la cella, tournée vers le nord, est protégée par le pronaos. Il projette un ovale de lumière
qui défile lentement sur les caissons de la coupole, ajoutant à la magie du lieu.
Extérieurement, la partie supérieure de la coupole était couverte de tuiles de bronze doré.

Le montage de la coupole

Comment les Romains ont-ils procédé pour monter la coupole du Panthéon? Nous ne disposons pas
de sources documentaires sur ce chantier précis ni sur d’autres, d’ailleurs. L’édification de la
coupole en béton passe par la mise en place préalable d’un cintre et d’un coffrage.
Cent cinquante ans environ avant l’édification de cette coupole, Vitruve décrivait assez
sommairement la technique pour disposer des planchers en forme de voûte, en construisant sur des
cintres montés avec des solives et couverts de roseaux. Ici, la portée imposée aux cintres est
importante (43 mètres), mais l’on sait que les basiliques romaines étaient couvertes de charpentes,
avec des entraits de 25 à 30 m de portée, largeur observée sur les vestiges. On peut donc admettre
l’hypothèse proposée dans Gründ d’un coffrage supporté par un cintre en charpente prenant appui
sur les corniches intérieures de la rotonde.
Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879), architecte français notamment connu pour la restauration
d’édifices comme la Cathédrale Notre-Dame de Paris ou la Cité de Carcassonne, a étudié
l’architecture antique, affine ces hypothèses par la description d’une technique de construction de
voûte en deux étapes, observée sur divers bâtiments romains: montage en briques et mortier d’une
première couche mince de la voûte constituée de nervures en brique qui définissent les caissons
intérieurs sur un cintre léger en bois, puis, après durcissement de cette couche qui forme un coffrage
solide et étanche, édification du reste de la voûte avec ses arcs de décharge et son épaisseur de
béton. Le procédé ainsi décrit est économique, car il ne nécessite qu’un cintrage en bois assez léger
le temps de construire la première épaisseur, le cintrage porteur de la charge complète étant
constitué par la première épaisseur de la voûte.
Une autre solution a été proposée par Pierre Gros: il s’agit de remplir la rotonde de sable ou de terre,
coffrer par-dessus, édifier la coupole, puis vider la rotonde. Cette technique simple est, comme la
précédente, à la portée des bâtisseurs romains qui ont montré avec le mausolée d’Auguste, leur
capacité à monter et à remplir de terre un grand bâtiment cylindrique.

Les personnages célèbres au Panthéon

Depuis la Renaissance, le Panthéon est utilisé comme tombeau. Parmi les personnalités qui reposent
dans les exèdres transformées en chapelles, se trouvent Raphael (1483-1520), selon ses dernières
volontés, ses élèves Baldassarre Peruzzi (1481-1536) et Perin del Vaga (1501-1547), puis les
peintres Giovanni da Udine (1487-1564), Taddeo Zuccaro (1529-1566) et Annibale Carracci (1560-
1609), l’architecte Jacopo Barrozzi da Vignola (1507-1573), le compositeur Arcangelo Corelli
(1653-1713), le cœur du cardinal diplomate Ercole Consalvi (mort en 1824) et deux rois d’Italie:
Victor-Emmanuel II (mort en 1878) et Humbert Ier (mort en 1900), ainsi que l’épouse de ce dernier,
la reine Marguerite de Savoie (morte en 1926).
Le corps du peintre Raphael a été placé dans un sarcophage antique, sur lequel on peut lire
l’inscription du poète Pietro Bembo (1470-1547): «Ci-gît Raphaël, à sa vue la nature craignit
d’être vaincue; aujourd’hui qu’il est mort, elle craint de mourir».
Bien que l’Italie soit une république depuis 1946, des membres volontaires d’organisations
monarchiques font dire des messes d’intention sur les tombes royales du Panthéon. Cela a parfois
soulevé des protestations des milieux républicains, mais une messe n’étant jamais dite en l’honneur
de quelqu’un, mais pour prier pour lui, les autorités catholiques ne voient aucune raison d’interdire
ces pratiques. D’autres polémiques furent déclenchées par la question de transférer au Panthéon les
restes de Victor-Emmanuel IIIet de HUMBERT II, derniers souverains italiens, compromis dans le
fascisme.
Le Panthéon est désormais une église, où l’on célèbre des messes et des mariages. Il est à ce titre
fermé aux visiteurs durant les cérémonies liturgiques.

Le Panthéon de Rome, modèle architectural à travers le monde

Aujourd’hui, de nombreux édifices ont la même architecture que le Panthéon de Rome. En effet, ce
dernier a été une source d’inspiration pour les architectes. Le Panthéon à Paris, la Banque de
Montréal, la National Gallery of Art de Washington D.C., ou le Jefferson Memorial également à
Washington D.C. ont été construits sur le modèle du Panthéon de Rome. Il faut savoir que le
Panthéon de Rome n’est pas inscrit en tant que tel au Patrimoine mondial de l’UNESCO, mais il en
fait partie comme élément du centre historique de la ville

Le Panthéon à Paris
La Banque de Montréal
National Art Gallery de Washington D.C.
Le Jefferson Memorial
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